Inondations : trop de pluie ou trop de béton ?

Nous avons tous été étonnés de voir l’ampleur des inondations de la Veymerange, petite rivière qui traverse Terville, en mai dernier. Les maisons de la rue Dupont des Loges ont été touchées pour la 1ère fois. Les jardins de la rue de Champagne , à nouveau.

1-La faute aux orages et à pas de chance ?

Comme seule explication, les municipalités de Thionville et Terville invoquent le changement climatique et un aléa exceptionnel. D’accord, sauf que le dernier aléa exceptionnel date de … 2021, et qu’avant c’était 2016… les inondations ne sont donc plus exceptionnelles, mais regulières. A cause du changement climatique, qui nous fait plus d'orages intenses dans la région. Oui. Mais une autre explication est essentielle, il ne faudrait peut-être pas la négliger !

2-Une évidence : c’est l’artificialisation des sols qui provoque les inondations

Jusqu’à l’an 2000, le ruisseau ne fait pas parler de lui, puisqu'il est petit et se jette directement dans la Moselle. Sur la vignette, le ruisseau au pont de Veymerange en 1902 [source = "page facebook Thionville en photos et vidéos", merci]

La plupart des surfaces d'où vient l'eau sont naturelles, l’eau s’infiltre, est "pompée" par la végétation, alors que sur les surfaces construites, elle ruisselle directement vers la rivière. C’est le problème de l’artificialisation des sols. Et il se pose d'autant plus que sur ce petit bassin versant, on n’arrête pas de construire. Nouveaux lotissements à Elange contre l’a31 : 5,29 ha. Zone pavillonnaire du Colombier :17,5 ha. Zone Kinépolis jusqu’à déchetterie et LorFm : 31,7 ha. Extension de la zone de Metzange (parking relais, nouvelle zone d’activités) 36,7 ha. On pourrait se dire que ça n'est pas grand-chose, mais un seul hectare, c’est 10 000 m², sur lesquels tombent chaque année pas moins de 8000 tonnes d’eau ! Résultat : la moitié de la surface est maintenant construite. Comparé à l’époque où seul un dixième du secteur était construit, il n’y a pas photo…

Sur cette capture d'écran de l'excellent site de l'IGN "remonter le temps", Terville en 1950 est à gauche, Terville de nos jours est à droite. En consultat directement le site, il est possible de bouger le curseur au milieu, et surtout de découvrir à quel point tout le bassin versant (Veymerange, Elange, Metzange, Beuvange, Volkrange) ont été dévisagés par les constructions. C'est ici : IGN remonter le temps Terville . Plus inquiétant encore, on laisse construire au plus près du cours d’eau, boucle des Epinoches par exemple, qui a pris la place d’une belle prairie que nous regrettons (contrairement aux habitants eux-mêmes, à qui nous souhaitons la bienvenue à Terville). Mais par quel aveuglement les services d’urbanisme n’ont-ils pas vu venir le problème ?

3-La mauvaise solution : construire encore plein de trucs

Les habitants de la boucle des Epinoches, justement, n’étaient pas encore totalement installés que le niveau de la nappe souterraine leur a fait la mauvaise surprise de monter jusqu’à tout près du sol. Outre les problèmes d’évacuation, les blocs à ordures (à gauche sur la photo) ont du être refaits en urgence, alors qu’ils étaient tout neufs. Des travaux d'urgence, qui succèdent à des travaux d'urgence, qui font suite à un manque d'anticipation... le gaspillage d’argent public, on en parle ? La question se pose vraiment : par quelle magie les services d’urbanisme ont-ils pu ignorer le problème, surtout compte-tenu de la montée régulière de l’eau dans les caves des maisons du vieux village ?

En 2021, en amont de Terville, la Communauté d’Agglomération programme la construction d’un « bassin d’orage » à côté du Kinépolis, pour 1,2 millions €. Il fait suite aux millions déjà dépensés lors de la construction de l’A31 il y a 30 ans (bassin de rétention de la Metzange, affluent de notre ruisseau). A priori, il n'a servi à rien le 17 mai 2024

A ces travaux s’ajoutent les nombreux élargissements des tuyaux d’évacuation des eaux usées (combien de millions ?) et, le pompon, suppression du plan d’eau de Terville.

4-Supprimer le plan d’eau de Terville : des explications vasouilleuses

Le plan d'eau il est beau ! voir l'image tout en haut de notre page. Disons-le clairement, on a bien du mal à comprendre comment la suppression du plan d’eau (certes un peu envasé) vont permettre d’éviter les inondations. Et la destruction du mini-barrage, encore moins… on devine donc qu’il s’agirait de transformer le tout en une sorte de méga-bassin d’orage en lieu et place du plan d’eau. Rassurons-nous, ce sera sans bâche plastique mais avec des arbres et de la verdure. Soit. Mais la suppression du plan d’eau est à coup sûr évitable. Nous appelons donc la mairie à engager une véritable concertation publique avant d’engager des travaux. On se souvient que ce projet avait été lancé, puis abandonné par la mairie il y a 6 ans. La relecture du Bulletin municipal de juin 2018 (Terville infos n°41, pp22-23, en ligne ici ) est cocasse : la mairie s'engagait alors à défendre le plan d'eau et ... prétendait démentir le projet de sa  suppression ! Alors, pourquoi l’imposer à présent ? Pour permettre encore de nouvelles constructions ?

5-La bonne solution : arrêter de bétonner à tout va !

Le ruisseau de la Veymerange est donc victime d’un urbanisme excessif. On nous dit qu’avec le Luxembourg, « il y a de la demande immobilière ». Mais la question de notre cadre de vie, de notre environnement et de la densité de population qu’on veut pour l’avenir doit être posée. En effet, la démographie de la région n’est pas dynamique ; pour faire simple, l’arrivée de nouveaux frontaliers se nourrit de la baisse démographique des régions voisines. Ajoutez à cela que le Luxembourg a l’ambition de réduire le nombre de frontaliers et veut plus de résidents. Ajoutez à cela que la dynamique luxembourgeoise, basée sur les avantages fiscaux, arrive à peu à peu à sa limite… faut-il donc vraiment continuer à construire toujours plus ? Même les agents immobiliers qui investissent ont ces derniers temps des sueurs froides car ils ne sont plus si sûrs d'eux. Ne faudrait-il pas au contraire préserver de larges berges, garder les espaces naturels et agricoles du village, aménager encore des espaces verts de repos et de loisirs ?

En tout cas, la mairie de Terville imagine bien que le béton va continuer de couler un peu partout, puisqu’elle planifie la construction de plein, plein, plein de maisons et d' immeubles le long de la Veymerange, sur la zone verte (mairichage et vergers) et la frîche Usinor (actuellement verte aussi), pour une surface de pas moins de… 38,7 ha ( ... 302 000 tonnes d'eau, donc). Ajoutez à cela l’acceuil presque enthousiaste de l’a31bis par le maire, et bientôt Terville ne sera plus que du béton

La France Inousmise Terville